Des sols qui se dérobent sous les maisons
À Clairac, petite commune du Lot-et-Garonne nichée sur les berges du Lot, les stigmates des glissements de terrain sont encore visibles plusieurs mois après les faits. Les 19 et 20 septembre 2024, de violentes intempéries avaient détrempé les sols déjà fragiles, provoquant l’instabilité de plusieurs zones habitées. Habitations fissurées, terrains affaissés, routes fragilisées : les conséquences ont été bien réelles pour plusieurs familles, qui ont vu leur quotidien basculer.
Le 22 avril 2025, l’État a officiellement reconnu l’état de catastrophe naturelle pour la commune, à travers un arrêté interministériel publié au Journal officiel. Cette décision permet désormais aux sinistrés de faire valoir leur droit à l’indemnisation auprès de leurs assureurs, à condition d’entamer les démarches dans un délai de 30 jours. Pour les habitants les plus touchés, c’est à la fois une reconnaissance et un début d’espoir. Nombreux étaient ceux qui attendaient cette mesure pour engager des réparations coûteuses, souvent inaccessibles sans soutien financier.
Un territoire sous surveillance face à l’instabilité des sols
Les glissements de terrain ne sont pas une nouveauté dans cette partie du département. Le relief vallonné de Clairac et la nature argileuse de ses sols constituent un terreau propice à ce type de phénomène, surtout lorsqu’ils sont amplifiés par des épisodes météorologiques extrêmes. En septembre 2024, c’est une combinaison de pluies intenses et prolongées qui a saturé les sols, réduisant leur capacité de cohésion. Les habitants des quartiers en pente, comme ceux du secteur de la Gravette ou des hauteurs du village, ont été les plus exposés.
La municipalité, en lien avec les services de la préfecture, avait rapidement déclenché des inspections techniques pour recenser les dégâts. Des mouvements lents, parfois invisibles dans un premier temps, ont continué à se produire les semaines suivantes, nécessitant une vigilance renforcée. Ce type d’événement rappelle à quel point la gestion des risques naturels ne se limite pas aux crues ou aux incendies : l’instabilité des terrains peut être tout aussi impactante pour les populations.
Mieux comprendre les risques pour mieux s’adapter
Dans un contexte de dérèglement climatique, les mouvements de terrain risquent de se multiplier, en particulier dans des régions comme le Lot-et-Garonne où les sols argileux sont sensibles aux variations hydriques. L’alternance de sécheresses prolongées et de pluies intenses crée une dynamique délétère : les sols se fissurent, puis se saturent, provoquant leur glissement. Ce phénomène, bien qu’en apparence lent, n’en est pas moins destructeur.
Face à cette réalité, les collectivités sont appelées à mieux anticiper. À Clairac, la révision du Plan de Prévention des Risques pourrait intégrer ces nouveaux paramètres pour mieux encadrer les zones constructibles et sensibiliser les propriétaires. Des mesures simples, comme la stabilisation des talus, l’entretien des réseaux d’écoulement ou la limitation des remblais mal contrôlés, peuvent faire la différence.
Une mémoire locale à cultiver face à un phénomène diffus
Au-delà des dégâts matériels, ce type d’événement interroge sur notre rapport au territoire. Les habitants les plus anciens se souviennent d’épisodes similaires, parfois tus ou oubliés. Documenter, partager les expériences, transmettre une mémoire du risque deviennent autant de leviers pour bâtir une culture de prévention durable.
L’exemple de Clairac pourrait d’ailleurs nourrir des initiatives locales d’éducation aux risques, en partenariat avec les écoles, les services techniques et les associations. Mieux connaître les faiblesses de son sol, c’est aussi mieux se protéger, individuellement et collectivement. Car dans ces paysages façonnés par le temps, il ne faut pas toujours chercher la menace dans la violence soudaine : parfois, elle s’installe lentement, au détour d’une pente, dans le silence d’une fissure qui grandit.